BALAFRIKANA 2 – LÀ OÙ NOS IDENTITÉS DANSENT LIBRES

BALAFRIKANA 2 – LÀ OÙ NOS IDENTITÉS DANSENT LIBRES

Vanessa Dorvily,

Chroniqueuse

Il y a des soirs où l’on ne porte pas seulement une tenue, on incarne un héritage.

À l’entrée, les sourires sont aussi éclatants que les tissus chatoyants. Le deuxième BalAfrikana ne se présente pas. Il s’impose. Il vibre. Il se réinvente comme une renaissance, à l’image même de son thème.

Visibilités plurielles, enracinements fiers

Quand j’ai croisé Nesrine, elle portait fièrement son costume berbère d’Algérie. Un clin d’œil tendre à sa mère, un regard profond vers l’Afrique.  C’est sa manière d’affirmer que l’africanité, c’est aussi celle des montagnes kabyles. Que la diversité culturelle ne se négocie pas, elle se célèbre.

De l’autre côté, Martha, en fauteuil roulant, se réjouissait d’avoir pu accéder au bal sans obstacle. « Je me sens accueillie », dit-elle avec émotion.
Son souhait? Que l’inclusion ne s’arrête pas à l’entrée. Malheureusement, ses attentes sont restées insatisfaites : aucune estrade, aucun aménagement n’a été prévu pour que les personnes en situation de handicap soient vues, entendues, mises en lumière à hauteur égale. Souhaitons qu’en 2026, BalAfrikana 3 soit aussi pensé pour les corps autrement que debout.

Quand le vêtement devient mémoire

Dans la salle, Jennifer, ancienne mannequin, défilait ce soir pour personne d’autre qu’elle-même. Sa robe – un kaléidoscope de rouge, vert, jaune, bleu – attendait depuis quatre ans son moment. « Ce soir, je porte et je joins le meilleur de mes deux mondes : l’amour de la mode qui m’a été communiqué par ma mère designer, ma passion de jeunesse pour le mannequinat, et tout ça ici, à Montréal, avec ma culture. ».  Elle ne participe pas à un défilé. Elle réconcilie ses rêves, sa famille, son histoire.

Les voix de l’intérieur

Derrière les projecteurs, Hyasmine, pilier de l’accueil, distribue les accréditations média avec attention et présence. Pour elle, BalAfrikana, c’est plus qu’un événement : « Dans la culture afro, la créativité est essentielle. Elle ne se quémande pas. Elle se montre. Elle fait la Une dans les grands médias québécois. Enfin! »

La beauté comme affirmation collective

Nathalie, conquise par les images de la première édition, n’a pas hésité cette fois.  « J’ai vu la beauté, l’intensité, l’investissement. Et je me suis dit : ça, ça me parle. Il fallait que je sois là. » Ce soir, elle y est. Droit dans ses racines. Droit dans sa lumière. Elle se sent chez elle.

Au BalAfrikana 2, une chose frappe : la mise en scène audacieuse d’Angelo Cadet, le courage de mêler beauté et prise de parole. Trente-sept mannequins, des artistes, des politicien·nes, des hommes d’accès à succès ont défilés – parfois loin de leur zone de confort – pour honorer la mode afrodescendante et les luttes qu’elle porte.  

Les pancartes qui ponctuaient la marche n’étaient pas accessoires : “Same work, same pay” – “Freedom” – “Justice” – “Our lives matter” – “Silence = complot”.

Plus qu’un fashion show. Une revendication.

Un bal qui soigne, qui relie, qui répare

BalAfrikana, ce n’est pas une simple soirée. C’est un espace de réconciliation entre : les racines et la modernité, le continent et la diaspora, l’esthétique et la dignité, l’expression et la résistance.

C’est là que nos voix s’élèvent contre l’oppression, sans bruit, juste par la présence. C’est là que nos corps, nos tissus, nos rythmes, nos silences racontent qui nous sommes, sans filtre. BalAfrikana, c’est ce moment suspendu où les Afriques se croisent, s’admirent, s’honorent — sans hiérarchie, sans compromis, avec panache.

S’il y a un secret à percer dans ce bal, c’est celui-ci :

Ici, on ne regarde pas la mode, 

on la traverse, 

on la respire, 

on la transmet.

Reviendrez-vous à BalAfrikana 3? 

Pas d’hésitation, c’est oui.

On vous attend en coulisse comme on attend toujours la prochaine étoile.

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